4 juin 2005

Monsieur Martin se déplaçait au volant d'une Audi A3 gris métallisé, classe mais discrète. Elle les ramena tout d'abord à Narbonne où, à son grand soulagement, Richard ne croisa aucun visage connu. Puis, en début d'après-midi, ils prirent la direction de l'autoroute vers le Massif Central.
Richard fut particulièrement ému en franchissant le viaduc de Millau, comme s'il franchissait le précipice qui le séparait de sa nouvelle vie : entre son enfance pourrie et sa deuxième chance...
Monsieur Martin semblait très efficace et rassurant : il lui fit confiance sans jamais se méfier. Il posa même quelques questions au sujet de cet étrange M.Vitti. Martin répondit poliment mais il ne chercha pas à engager de véritable conversation là-dessus.

 

"- Qui est exactement M.Vitti ?
- Monsieur Antonio Vitti est mon patron. Il vit à Marseille. Il a fait fortune dans le commerce import/export et dans l'immobilier.
- Il est très riche ?
- En tant que comptable, je ne suis pas autorisé à vous donner de chiffre mais... M.Vitti est "assez riche".
- Assez pour me donner une station-service sans rien me demander en échange.
- Il ne vous "donne" pas une station-service. Il fait en sorte que vous soyez dans les meilleures dispositions possibles pour l'acquérir par vos propres moyens.
- Pourquoi fait-il ça ?
- Je ne sais pas.
- Est-ce que ça lui coûte cher ?
- Je ne sais pas.
- Vous ne voulez pas me le dire ?
- Je n'aurais rien d'intéressant à vous dire. Mais je ne sais moi-même que très peu de choses quant à votre affaire.
- Que savez-vous à mon sujet ?
- Sur votre histoire personnelle, rien. M.Vitti m'a dit qui vous étiez et que vous lui aviez demandé de vous installer dans une station-service.
- C'est tout ?
- Oui... Vous savez, M.Vitti ne refuse jamais son aide à quelqu'un de sa famille.
- De sa famille ? Mais je ne l'ai jamais vu de ma vie !
- C'est ce que j'avais cru comprendre. Mais je n'ai pas de question à lui poser là-dessus. Ni aucune réponse à vous donner, d'ailleurs."

L'Audi A3 atteignit Clermont-Ferrand en fin d'après-midi. Elle contourna la ville et continua quelques kilomètres vers le Nord. Richard s'était endormi.
Il fut réveillé par le ralentissement de la voiture.
"- On s'arrête faire de l'essence ?
- Non. Nous sommes arrivés.
- J'ai dormi longtemps ?
- Un peu plus d'une heure."

 

quelques années plus tard...