2012-2017

Après cette visite, il se passa cinq longues années pendant lesquelles Richard n'entendit plus parler d'Antonio Vitti. Les affaires tournaient plus que convenablement, les enfants grandissaient. Le portable attendait et Richard se souvenait parfois.
Il avait atteint la trentaine et, parfois, il lui venait à l'idée que finalement tout était allé très vite pour lui.
Passerait-il le reste de sa vie dans cette station-service aux portes de Clermont-Ferrand ? A plusieurs reprises, il en avait parlé avec Caroline. Ils avaient fait leur compte et constaté que, s'ils le souhaitaient, ils pouvaient louer la station-service à un gérant et se lancer dans un autre type d'affaires. Après tout, ils avaient montré qu'ils étaient de bons commerçants : ils sauraient s'adapter à d'autres contextes. Ils pourraient même changer de ville ou de région. Partir à l'étranger ? Pourquoi pas.
De temps en temps, Richard se rappelait de cette vie qu'il avait menée à Narbonne après être parti de chez lui. A l'époque, tout devait aller vite. Il fallait trouver de l'argent, un toit, s'amuser, rire, se battre, s'enfuir... Au moindre temps mort, il était angoissé à l'idée de ne pas savoir ce qu'il allait bien pouvoir devenir. Aurait-il pu vivre longtemps ce genre de vie ?
Douze ans plus tard, son avenir semblait lui appartenir tout entier. Mais il se disait que quelque chose en lui était parti : une énergie, un instinct de révolte qu'il regrettait parfois...
Évidemment, il n'était pas question pour lui d'avoir le moindre regret... mais plutôt une petite gêne qu'il calmait en frottant sa langue contre sa gencive, à l'endroit où...

Alexandre avait alors neuf ans et Johan en avait sept. Ils faisaient partie de la nouvelle vie et ils ne savaient rien de l'ancienne. Ils ne sauraient jamais rien de ce que leur père avait voulu fuir... Tout ces souvenirs et ces personnages, du fait de son silence, n'avait jamais existé pour eux.
Bref, Richard ne s'inquiétait plus pour son avenir... et il s'inquiétait de moins en moins de son passé.

 

c'est alors que...